Voici un premier article sur le 11 novembre (d’autres suivront) et notre désir de demander au prochain président de la République que le 11 novembre 2022 soit comme aux USA la journée des Vétérans.
Pourquoi est-il bon de se réunir pour rappeler les épreuves communes ? Pour faire société, tout simplement. Parce que les guerres -les vraies- sont des circonstances dans lesquelles les hommes ont besoin les uns des autres, non pas en tant qu’abstraction, mais en tant qu’élément d’un ensemble de sang et de terroir : la patrie.
On commémore volontiers les victoires, mais le fait-on avec les défaites ?
Après tout certaines défaites sont aussi glorieuses que des victoires. C’est ainsi que la Légion étrangère commémore fidèlement Camerone, et l’Infanterie de Marine perpétue le souvenir de Bazeilles et de ses dernières cartouches. Même Waterloo fait l’objet tous les cinq ans d’une reconstitution grandeur nature sur les lieux de la bataille, dans laquelle chaque figurant endosse l’uniforme que portaient leurs ancêtres. Théâtralité ridicule ? Non : pèlerinage à la gloire des pères disparus. Tous les ans, des dizaines de milliers de personnes consacrent du temps et de l’argent à cette tâche mémorielle. Le rite est l’expression d’une forme de sacré resté dans le domaine public : le patriotisme. Une question vient alors à l’esprit : pourquoi l’État reste-t-il si méfiant à l’égard des organisations qui cultivent cette vertu ? Alors même qu’elles restent vivantes et recueillent les dévouements ? Il n’en est pas ainsi dans tous les pays. Par exemple depuis le 1er juin 1954, l’anniversaire du 11 novembre est appelé Veterans Day par une décision du Congrès des USA. Et il existe une puissante association reconnue par l’État fédéral, dont le nom est The American Legion, son rôle étant d’être un groupe de pression pour les intérêts des anciens soldats survivants ou non, notamment les avantages des vétérans comme les pensions ou le système de santé (au statut particulier aux États-Unis), créée et déclarée d’intérêt national depuis 1919.
Une telle organisation fait défaut en France, où les associations d’Anciens Combattants sont morcelées en chapelles idéologiques. Nous touchons là une faiblesse substantielle de notre pays. Les Français, en effet, sont désunis sur l’acception du mot patrie. Pour les uns, c’est une énergie faite sur notre territoire de toutes les âmes additionnées des morts, pour les autres, malheureusement la vision officielle des institutions de la France, c’est l’expression d’une idée, une vision universelle de l’Homme. Malheureusement cette définition idéologique affaiblit sans relâche le lien national, justifiant la tirade d’Henri de Saint Phlin dans l’appel au soldat de Barrès :
« je sens diminuer, disparaître la nationalité française, c’est-à-dire la substance qui me soutient, et sans laquelle je m’évanouirais. Il faut reprendre, protéger, augmenter cette énergie héritée de nos pères. Et pour cette tâche, sans m’enfermer dans aucun parti, je fais appel à la bonne volonté de tous mes compatriotes. »
Peut-être serait-il conforme au salut public de tenir compte de ce besoin vital de l’opinion et de revenir à cette dévotion commune à l’essence nationale. C’est la condition de notre survie.
Pierre de Meuse
je suis pieds noirs et je ne savais pas cette horreur