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De l’armée ou de Macron qui aura le dernier mot ?

David Engels, essayiste et professeur d’université, analyse pour le média polonais Tysol, la situation désespérée de la France et ses minces chances de redresser la situation à court terme.

Beaucoup de Polonais sont toujours convaincus qu’ils doivent « rattraper » l’Europe occidentale. Si vous leur parlez des conditions de plus en plus catastrophiques là-bas, vous rencontrerez une incrédulité généralisée – même dans les cercles conservateurs. La légende de l’ouest doré est trop profonde, le désir de faire enfin à nouveau partie de l’Europe et de le prouver en essayant de rattraper tous les développements « ratés » est trop grand. Mais les événements de ces dernières semaines en France ont clairement montré où ces développements idéalisés mènent : à l’heure actuelle, il ne s’agit de rien de moins que des parties importantes de l’armée française se prononcent dans plusieurs lettres ouvertes contre le gouvernement actuel du président Macron et sur les risques de guerre civile.

Au cœur du débat, l’un des problèmes les plus graves à long terme auxquels l’Occident, surtout la France, est confronté depuis plusieurs décennies : l’immigration de masse en provenance de pays majoritairement islamiques qui a pris une telle ampleur qu’une grande partie des villes françaises sont en effet en train de se séparer de la communauté nationale, créant des sociétés parallèles indépendantes dans lesquelles la loi de la République ne s’applique plus. Si ce développement se poursuit encore quelques années – et il ne fait aucun doute que ce sera le cas -, de grandes villes comme Paris, Lyon ou Marseille seront dans un avenir complètement prévisible – à l’exception de quelques îlots – dominées par l’islam, et le pays se divisera en deux groupes opposés et hostiles.

Bien sûr, cette évolution était prévisible depuis des années, car c’est un secret de polichinelle que, d’une part, l’intégration des minorités musulmanes, en particulier, a non seulement échoué, mais a même régressé, car les descendants d’immigrés déjà bien intégrés se raccrochent de plus en plus à la culture de leur pays d’origine et que, d’autre part, l’évolution démographique ne pourra bientôt plus être maîtrisée. Pendant des décennies, la réponse à ce danger, qui se reflète non seulement dans des assassinats spectaculaires, mais aussi et surtout dans la violence et la criminalité quotidiennes dans les banlieues, a été de détourner systématiquement le regard ; réponse souvent même prescrite par les autorités étatiques rongées par la peur qu’une critique de la transformation multiculturelle de la France pourrait être considérée comme « raciste » ou « intolérante ».

Le président Macron s’est particulièrement distingué par ses fervents plaidoyers en faveur d’une « société plurielle » et affirmant même qu’il n’y avait pas « de culture véritablement française, mais seulement des cultures diverses en France ». Désormais, il doit composer avec l’échec de sa propre politique et de celle de ses prédécesseurs et résoudre un problème devenu insoluble, d’autant plus que la solution brevetée typiquement française – laïcité et centralisme – a clairement atteint ses limites : la laïcité, car elle affaiblit plutôt qu’elle ne renforce l’identité collective, le centralisme parisien, car il peut difficilement maîtriser des conflits qui éclatent partout.

La conséquence ? La France est aujourd’hui confrontée à des troubles sociaux massifs, et les forces armées deviennent donc de plus en plus importantes, de sorte qu’il n’est pas étonnant que l’armée soit désormais impliquée dans les discours de politique intérieure. Nul besoin de faire ici l’inventaire de l’échange de lettres ouvertes et de déclarations de part et d’autre : il suffit de mentionner que le gouffre profond non seulement à l’intérieur de l’armée, mais aussi dans la population s’approfondit. 83% des Français ressentent une augmentation constante de la criminalité, 70% s’opposent à la poursuite de l’immigration, 60% soutiennent les lettres ouvertes de l’armée et près de 50% des Français pensent que l’armée devrait intervenir pour assurer la sécurité même sans l’appui du gouvernement. Les prochains mois seront probablement décisifs dans le fait de savoir si l’armée gardera l’initiative en main – par exemple en soutenant des grèves générales et ses propres candidats à la présidentielle comme le général Antoine Martinez -, ou si le pouvoir concerté des médias, de l’establishment politique et du président réussira à briser la résistance – après tout, déjà au début de sa présidence, Macron avait entrepris un premier nettoyage de l’état-major afin d’éviter précisément les problèmes qui se posent actuellement.

D’autres étapes suivront certainement, et Macron suivra certainement l’exemple de l’Allemagne, où Ursula von der Leyen, l’actuelle présidente de la Commission européenne et ancienne ministre allemande de la Défense, a réussi à briser toute résistance conservatrice en démantelant systématiquement des réseaux présumés « d’extrême droite » dans l’armée allemande, en appliquant des quotas de « genre » pour introduire massivement des femmes soumises à la nouvelle politique dans l’armée, et en déléguant des pouvoirs de contrôle à des entreprises externes par des contrats d’audit et de conseil aux prix exorbitants afin de bypasser la bureaucratie militaire. Ce n’est probablement pas non plus un hasard si, ces dernières années, l’Allemagne a encouragé l’intégration des réfugiés et des étrangers en les recrutant massivement au sein de la Bundeswehr, et s´est entrainée en même temps à des exercices militaires en cas de troubles internes.

Quelle sera la prochaine étape pour la France ? L’apparition d’un nouveau parti conservateur, entrant en compétition avec le Rassemblement National de Marine Le Pen, risque de diviser le camp de la droite plutôt que de le renforcer, du moins au premier tour des prochaines élections. Le coup d’État semble également assez impensable, du moins dans la situation actuelle : le chaos n’est pas encore suffisamment grand et la confiance dans l’État de droit n’a pas encore été complètement ébranlée. Bien sûr, l´on peut s’attendre à une paralysie croissante de l’armée, qui sera divisée en une faction présidentielle et une faction anti-présidentielle – une situation d’autant plus inquiétante que la forte présence de soldats musulmans crée un autre élément d’insécurité, de nombreux officiers ayant déjà exprimé de sérieux doutes quant à la loyauté de l’armée pour intervenir dans des émeutes en banlieue.

En conclusion, dans cette situation, l’armée française ne provoquera donc pas de retournement majeur de la situation politique interne, mais deviendra, par son attitude, un autre accélérateur du mécontentement des citoyens, bien qu’en raison de sa paralysie interne, elle ne puisse être utilisée que dans une mesure très limitée comme une « ultima ratio » en cas de nouvelle escalade de la crise nationale. La France s’enfonce donc encore plus dans l’abîme de la perte de contrôle de l’Etat, au bout de laquelle seul un homme providentiel, une figure de « sauveur », déjà attendue maintenant par une partie significative des Français, pourrait encore renverser la situation.

David Engels, essayiste et historien belge, est professeur d’histoire romaine à l’Université libre de Bruxelles et travaille pour l’Instytut Zachodni à Poznań.

Source : TYSOL

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