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La guerre : avec qui et avec quoi ?

  • evpf29
  • il y a 5 heures
  • 7 min de lecture

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« Le soldat combat pour des fautes qu’il n’a pas commises ». (Antoine de Saint-Exupéry).

« La guerre est une poursuite de l'activité politique par d'autres moyens. » (Carl von Clausewitz).


Pendant des mois, j’ai évité de m’exprimer sur le conflit russo-ukrainien car j’estimais que je n’avais pas de compétence particulière pour en parler ; je n’ai jamais risqué ma peau sur un champ de bataille. En revanche, je me passionne depuis toujours pour la géopolitique.


Depuis le début du conflit, je m’inquiète du risque d’une guerre totale, avec l’utilisation possible de l’arme atomique. Dès le début de cette affaire, je prêchais pour la neutralité, arguant que l’Ukraine est un État mafieux qui n’est membre ni de l’Union Européenne, ni de l’OTAN. En conséquence, ce conflit ne devrait pas nous concerner !


Je me suis fais insulter, traiter de « poutinolâtre », de défaitiste, et j’en passe. Notre pays me fait penser à la publicité Ford d’antan : « Le client peut choisir la couleur de sa voiture à condition qu’elle soit noire ». Chez nous, on peut développer ses idées et émettre un avis à condition qu’il soit conforme à la doxa officielle. Si ce n’est pas le cas, on est un dissident, un fasciste et/ou un complotiste. Le CEMA, le général Fabien Mandon, lui, me fait penser à la publicité « Pathé Marconi : la voix de son maître ».


Obéissant servilement à celui auquel il doit une promotion aussi rapide que le Mirage 2000 qu’il pilotait jadis, il a demandé aux maires de France de préparer leurs administrés à la guerre. Depuis que Macron, lors de ses vœux aux armées, a expliqué aux militaires qu’il leur faudrait « faire la guerre autrement » et se préparer très bientôt à « un conflit de haute intensité », on nous ressert la même tarte-à-la-crème: finies les guéguerres « du fort au faible » nous allons vers une vraie guerre. On se croirait dans « La Grande-duchesse de Gérolstein » d’Offenbach.


Macron, cet avorton narcissique qui n’a pas fait son Service National, chante à l’envi qu’il aime les militaires. Et sa cour de généraux-godillots lui lèche les bottes en répercutant son message guerrier. Certes, « Si vis pacem, para bellum » (1) est l’adage de circonstance, mais pour faire la guerre, encore faut-il se donner les moyens de la gagner. Et, si tel n’est pas le cas, c’est de l’inconséquence, de l’inconscience voire de la démence pure; ça s’apparente à un suicide collectif !


En 1996-97, Jacques Chirac, sur les conseils de son ministre des armées, Charles Million (lui-même exempté de Service Militaire) décide l’abandon de la conscription qui « emmerde les jeunes ». Et, dans la foulée, des généraux nous expliquent que le péril à l’Est n’existe plus, que nous n’avons plus besoin d’appelés du contingent car les guerres de demain seront des conflits « du fort au faible » et que la technique moderne remplacera l’homme.


Tous ces hauts gradés - à quelques exceptions près - acceptaient, souvent par carriérisme, que les sommes allouées à la Défense servent de variable d’ajustement budgétaire au gouvernement. Nous avons, à l’heure actuelle, une armée remarquable. Certaines de nos unités d’élites sont copiées dans le monde entier, mais nos forces sont réduites à une peau de chagrin. Le général Pierre de Villiers l’a dit en son temps, et… Macron l’a viré !


Aujourd’hui, je voudrais vous parler « d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître » comme dit la chanson ; et ceux de 30 ou 40 non plus. Quand j’étais sous les drapeaux, au début des années 1970, notre armée comptait environ 550 000 hommes (dont 320 000 pour la seule armée de terre). Malgré le retour à un Service Militaire de 18 puis 12 mois, nos armées conservaient les mêmes effectifs que ceux qui avaient permis au « Plan Challe » d’éradiquer la rébellion algérienne et de gagner la guerre d’Algérie (2).


Chez les parachutistes, la 11ème DLI (3) avait remplacé les 10ème et 25ème DP, dissoutes après le putsch d’Alger d’avril 1961. À cette époque, la totalité de nos armes, de nos équipements, de nos moyens de transport - terrestres ou aériens -, étaient français. Nos fusils (MAS 49-56) étaient fabriqués à Saint-Etienne, nos pistolets mitrailleurs (MAT 49) venaient de Tulle, nos pistolets (MAC 50) de Châtellerault. Le FR-F1, l’arme des tireurs d’élite, était un dérivé du MAS 36, fusil que certaines unités utilisaient encore, soit dans sa version d’origine, soit en version 36-51 (avec lance-grenade).


L’École des Troupes Aéroportées, à Pau, conservait même quelques MAS 36 « TAP » à crosse pliante. Le reste de notre armement léger : fusil-mitrailleur ou sa version mitrailleuse (AA52), LRAC (4) de 73 ou de 89, étaient également de fabrication française. Même chose pour nos treillis, nos rangers, nos sacs musettes « TAP » et nos bérets rouges.


Je signale, juste pour l’anecdote, que nos insignes de béret, nos « pucelles » et nos brevets paras étaient fabriqués chez « Drago », une boite bien française. En matière de véhicules, les vieux GMC américains et les 4x4 Renault étaient en cours de remplacement par des camions Simca et des 4x4 Simca-Marmon. Nos véhicules légers étaient encore des jeeps Willys mais plus de 30 000 d’entre elles avaient été assemblées, à partir de 1955, chez Hotchkiss en France.


J’ai été breveté para sur Transall C-160, un avion franco-allemand. Ensuite j’ai sauté sur Noratlas (ou Nord 2501), un avion construit par Nord-Aviation (5). Nous faisions encore quelques héliportages sur des vieux Sikorsky rescapés d’Algérie mais le SA 330 Puma – hélicoptère de transport français – entrait en service. J’arrête là cette énumération qui ne vise qu’à démonter que l’armée française de la fin des « trente glorieuses » était équipée par la France. Quel chemin parcouru depuis la Libération !


Je me souviens de vieilles photos du 8 mai 1945 à Tarbes : les deux régiments paras qui défilèrent ce jour-là étaient équipés de pied en cap, l’un par les Américains, l’autre par les Anglais. Et pourtant, au début des années 1970, notre armée souffrait déjà ou souffrait encore : elle avait été « purgée » de milliers de cadres - souvent de beaux soldats ! - après le putsch des généraux d’Alger d’avril 1961. C’est la fin de la conscription qui allait faire fondre ses effectifs, mais aussi rompre le lien entre l’armée et la nation.


Jusqu’à la suppression du Service Militaire, chaque sous-préfecture avait son régiment, son bataillon, ou son ERGM (6). Un maillage de territoire ancien qui permettait un recrutement local et assurait la sécurité des villes à une époque où on utilisait l’armée pour réprimer les émeutes. De nos jours, notre pays subit (et tolère) plusieurs semaines de guérilla urbaine - comme en 2005 ou 2023 - et ce sont les trafiquants de drogue qui mettent fin aux émeutes et imposent le retour au calme car la chienlit nuit à leurs « deals ».


Accessoirement, la présence d’un régiment dans une localité était une bénédiction pour le commerce. L’armée avait un rôle social même au plan local. Si aujourd’hui le cœur de nos bourgades est mort, nous le devons aussi à la suppression du Service Militaire qui aura été une catastrophe à tous les niveaux. Le général Fabien Mandon voudrait que les jeunes Français soient prêts à mourir. Mais pour qui et pourquoi ? Pour la France ? Pour l’Union Européenne ? Pour l’Ukraine ? L’Union Européenne a déjà donné…169 milliards à l’Ukraine. Je ne saurais vous dire quelle est la part de la France dans ce gâchis car le gouvernement s’ingénie à noyer le poisson en mélangeant les prêts, les aides et les dons. Mais pour faire la guerre, il faut des hommes, or, à l’époque où je redevenais un « pékin » (7), Giscard d’Estaing légalisait l’interruption volontaire de grossesse (IVG).


Depuis la « Loi Veil » de 1975, à raison de 220 à 230 000 avortements par an, la France aura tué 10 millions de petits Français. Très majoritairement des « Gaulois ». Au sein de la « diversité » on n’avorte pas ; on se reproduit comme des lapins, par conviction religieuse ou pour toucher les aides aussi diverses que variées que nos dirigeants - généreux avec l’argent du contribuable - lui allouent sans compter. Général Fabien Mandon, ne cherchez pas les jeunes Français prêts à aller se faire trouer la peau pour défendre les frontières de l’OTAN, car ils sont déjà morts ! Et, avec le « regroupement familial », le tandem Giscard-Chirac les a remplacés par des jeunes qui pour beaucoup d’entre eux, font passer la Charia avant nos lois.


Je ne suis pas devin mais je crains que les Français ne soient confrontés à un conflit sur leur sol avant longtemps mais ils ne se battront pas contre les Russes ; ce sera une guerre civile, ou plutôt une guerre de civilisation : l’islam conquérant – jeune et combatif – contre ce qu’il reste d’un Occident décadent, avachi, ramolli et qui n’est plus chrétien. Le dernier livre d’Eric Zemmour « la messe n’est pas dite »(8) distille un message d’espoir.


Pour ma part, je n’ai pas, hélas, le même optimisme (ou la même naïveté ?) qu’Eric Zemmour, mais ce dernier est excusable : comme Emmanuel Macron, il n’a jamais porté les armes.


Eric de Verdelhan. Le 24 novembre 2025


1)- « Si vis pacem para bellum » : Si tu veux la paix, prépare la guerre.

2)- Car on ne répétera jamais assez que la guerre d’Algérie a été gagnée militairement par la France. C’est le pouvoir gaulliste qui a décidé de brader l’Algérie française.

3)- DLI : Division Légère d’Intervention. De Gaulle avait exigé que le mot « parachutiste » ne figure pas dans l’intitulé de cette division. Depuis le putsch, il avait une dent contre les paras. Il regrettait de n’avoir dissous que le 1er REP, les 14ème et 18ème RCP et les commandos de l’Air.

4)- LRAC : Lance Roquette Anti Char.

5)- Le Noratlas a été retiré du service dans l'armée en 1986 (après 32 ans de service).

6)- ERGM : Etablissement de Réserve Générale du Matériel.

7)- un « pékin » est un civil dans le jargon militaire.

8)- « la messe n’est pas dite » d’Eric Zemmour ; Fayard ; 2025.

 
 
 
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