Les déficiences du soutien de proximité et le manque d’entraînement minent le moral des officiers français
Lors de son traditionnel discours prononcé à l’Hôtel de Brienne, le 13 juillet dernier, le président Macron avait dit vouloir « repenser » le modèle d’organisation et de fonctionnement du ministère des Armées qui avait été mis en place « dans une période de réduction continue des dépenses pour la défense », avec la Révision générale des politiques publiques [RGPP], lancée à la fin des années 2000.
« Ce modèle procède d’une logique qui faisait primer les économies sous couvert de rationalisation et de fragmentation budgétaire. Une logique qui ne place pas toujours ou pas assez la guerre au cœur de ces organisations ou de ces processus. Or aujourd’hui, ce modèle n’est plus adapté », avait ensuite estimé M. Macron. Et d’ajouter : « Je veux […] redonner les leviers d’action à ceux qui portent les missions en opérations comme au coeur des territoires, […] encourager la réactivité, faciliter la capacité à entreprendre, démultiplier les énergies, concentrer les volontés sur la réalisation de la mission ».
Le locataire de l’Élysée avait-il eu le temps de prendre connaissance du 17e rapport thématique sur les officiers [.pdf] que le Haut Comité d’évaluation de la condition militaire [HCECM] venait de lui remettre? En tout cas, le ministère des Armées vient de rendre public ce document. Et certains points qu’il développe font écho aux propos de M. Macron.
Par le passé, et à plusieurs reprises, le HCECM n’a pas ménagé ses critiques à l’égard des réformes ayant remis en cause le concept « un chef, une mission, des moyens » avec la création des « bases de défense », dont la finalité était de mutualiser le soutien de plusieurs unités implantées dans un périmètre géographique donné [1h à 1h30 de route], en concentrant sur un même site les services d’administration, de gestion, d’habillement, etc. « Les militaires rencontrés […] ont tous fait part de la déshumanisation et du flou qui caractérisent désormais les relations entre les militaires soutenus et le personnel administratif », avait-il avancé dans un rapport publié en 2014.
Si, depuis, des « espaces ATLAS » ont été mis en place dans les unités afin de rapprocher les soutenus des soutenants, le problème de fond n’a pas été réglé. Et la « persistance de difficultés dans le soutien de proximité pèse sur le moral des officiers et contribue à fragiliser leur fidélisation », avance le HCECM dans son dernier rapport thématique, lequel décrit des situations ubuesques…
« Les officiers en situation de commandement ont perdu des leviers d’action. Ils ne peuvent plus régler efficacement et surtout rapidement les problèmes du quotidien. Leur autorité en est directement affectée », explique-t-il.
« Cette situation engendre une lassitude des intéressés face aux dysfonctionnements de l’administration générale, détériore l’image du commandement en interne et nuit ainsi à l’attractivité du recrutement interne des officiers », poursuit le Haut Comité, en rappelant qu’il s’agit de l’un de ses principaux sujets de préoccupation car celui-ci est « systématiquement évoqué à l’occasion des tables rondes réalisées lors de ses déplacements et ceci, quelles que soient les catégories de militaires ».
Ces problèmes affectent notamment les écoles de formation initiale. Ce qui est « inquiétant », relève le HCEM, qui donne un florilège des difficultés dont il a eu connaissance. « On se bat pour avoir une imprimante, du papier, la délivrance de la carte SNCF, des tenues à la taille de l’élève… », rapporte-t-il. « Le plus dur, c’est de garder la motivation auprès de nos élèves qui nous voient batailler avec des sujets de soutien comme par exemple s’occuper de l’achat de produits d’entretien que l’on vous refuse », lui ont confié des officiers.
« Les autorités auditionnées par le Haut Comité sont conscientes de cette fragilité qui résulte d’une contrainte de moyens aux effets amplifiés par les réorganisations successives », relève-t-il, avant de souligner la « dynamique engagée par les armées, directions et services du ministère des armées qui vise à réduire les lourdeurs administratives, simplifier et fluidifier les procédures pour redonner une liberté d’action aux commandants de formations ». Aussi appelle-t-il à poursuivre de tels efforts.
Mais le soutien déficient n’est pas le seul facteur qui pèse sur le moral des officiers. En effet, le HCECM pointe également les « problèmes persistants de disponibilité des matériels hors opérations extérieures [OPEX], les effectifs insuffisants ainsi que les difficultés d’entraînement ».
« Le chef est conscient que le temps de l’entraînement est essentiel pour former et entretenir une capacité opérationnelle, d’autant plus lorsque l’on sert des systèmes d’armes de haute technicité. Or, si de nombreux efforts ont été réalisés pour ‘réparer’ le niveau de préparation opérationnelle et améliorer la disponibilité technique des matériels, des difficultés peuvent persister », note le Haut Comité.
En effet, explique-t-il, « lorsque les parcs d’équipements sont affectés par des difficultés durables de disponibilité, cela se traduit par une réduction des possibilités d’entraînement tandis que l’intensification des engagements opérationnels accentue les difficultés à préserver les compétences tactiques collectives, voire individuelles, faute de temps disponible ».
Aussi, les officiers peuvent éprouver le sentiment de ne pas disposer des moyens suffisants « pour se former eux-mêmes pour entraîner les femmes et les hommes qu’ils commandent, ce qui n’est pas neutre sur leurs capacités opérationnelles », prévient le HCECM.
Le rapport prend ainsi l’exemple de la formation des personnels navigants de l’armée de l’Air et de l’Espace [AAE], affectée par la « disponibilité des matériels » ainsi que celle des instructeurs, du fait d’une « fort engagement opérationnel des cadres ». Résultat : « cela peut se traduire par un décalage de 8 mois dans la formation, en particulier pour les élèves officiers sous contrat ». Par ailleurs, le HCECM souligne que la « préparation opérationnelle sur matériel majeur demeure un point de préoccupation fort » pour l’armée de Terre et que, s’agissant de la Marine nationale, le nombre de jours de mer dédiés à l’entraînement des bâtiments de surface à diminué en 2022 et en 2023, « malgré une remontée ponctuelle en 2021 ».
« Le manque de moyens pour remplir les missions et l’insuffisance des moyens humains sont des motifs récurrents d’insatisfaction chez les officiers selon l’indicateur de mesure du moral », insiste le Haut Comité, avant de faire valoir que ces éléments sont « fondamentaux pour le moral et que la confortation de l’attractivité et de la fidélisation ne peut se limiter aux leviers relatifs à la rémunération et à la gestion des ressources humaines. »
Source : Zone Militaire www.opex360.com
Notre armée est à l’image de son chef ,un traître qui détruit nos valeurs patriotiques.
Les officiers généraux qui devraient taper du point sur la table sont malheureusement soumis à leur carrière et la perspective d’un reclassement « honorable « au sein de l’état .Le seul qui se soit opposé ,Le général DeVilliers ,s’est retrouvé à la porte ,sans soutien de la flopée de carriéristes qui n’ont pas bougé le petit doigt.
Le fruit est donc pourri de l’intérieur et les vers sont solidaires.
Notre armée est en déroute totale .
Effectivement, quand on envisage d'envoyer un jour un soldat en Opex, le minimum du minimum est de lui donner un paquetage qui tient la route. Comme d'autres, il m'est arrivé de me retrouver avec des groles de m., des treillis trop petits ou trop grands, des chaussettes de laine feutrées taillées pour ma petite sœur. J'entend encore des camarades qui ont fait l'Afga se plaindre d'avoir du quémander un gilet par balle chez les américains... Si en plus les officiers doivent gérer les pb de balais à chiotte, c'est plus une armée, ca devient peu à peu une organisation digne des pieds nickelés... Y a pas un Général la dedans pour donner le ton ?
« Le manque de moyens pour remplir les missions et l’insuffisance des moyens humains sont des motifs récurrents d’insatisfaction chez les officiers selon l’indicateur de mesure du moral », insiste le Haut Comité, avant de faire valoir que ces éléments sont « fondamentaux pour le moral et que la confortation de l’attractivité et de la fidélisation ne peut se limiter aux leviers relatifs à la rémunération et à la gestion des ressources humaines. »
Je fais mienne cette conclusion en insistant sur le manque de moyens récurrents de nos armées , ça n'est pas d'hier que l'armée Française est en souffrance par rapport aux autres grandes nations .
Le président actuel parle beaucoup d'un sujet qu'il ne connait pas ;…
En lisant ce texte navrant, les cadres d’entreprise, dont je suis, retrouvent les difficultés qu’ils vivent dans leurs structures respectives.
La caste dominante, constituée de petits hommes gris clonés et appuyant leur incompétence notoire sur des rapports de cabinets de conseil qui appliquent les mêmes solutions anglo-saxonnes partout, utilise deux armes destruction massive de l’efficacité : Excel et PowerPoint.
Ainsi le règne des schémas organisationnels, la dictature de procédures théoriques totalement déconnectées des réalités de terrain et surtout la tyrannie des indicateurs (qu’on appelle des KPI, ça fait plus pro) permettent à des incompétents notoires de se donner une illusion de maîtrise que leur hiérarchie avale sans broncher puisqu’elle est souvent issue des mêmes rangs, que ce soit par formation,…
Bonjour à toutes et tous,
Pour remonter le moral a nos officiers,je citerai la devise de mon ancien régiment "Da Materiam Splendescam" qui peut se traduire par « Donnez m’en les moyens et je resplendirais »!
Vive la France, vive l'Armée!
Un ancien EVAT