L'instrumentalisation du Chef d'état-major des armées à des fins politiques
- evpf29
- il y a 5 heures
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Les événements se bousculent dans une actualité dense et anxiogène qui alimente un débat public qui devient manichéen, caricatural, outrancier voire violent. De ce climat détestable naissent systématiquement des polémiques qui aggravent malheureusement la cohésion et le moral du pays dans un moment difficile.
L'intervention du Chef d'état-major des armées (CEMA) au congrès des maires de France et la polémique qu'elle a provoquée illustrent parfaitement cette dérive. Mais nos dirigeants, au plus haut niveau de l'Etat, par leur conception du pouvoir, leur manipulation des institutions ou des problèmes à régler, leur déni des réalités, leur propension à diviser les Français pour survivre, n'en sont-ils pas les premiers responsables ?
Si l'intervention du CEMA, inhabituelle dans un tel contexte, suscite légitimement des questions, ce n'est finalement pas tant pour les propos tenus que pour sa présence dans une telle instance. Le CEMA était, à l'évidence, en mission commandée et donc instrumentalisé par le pouvoir politique. Ce faisant, n'est-il pas sorti de son domaine d'attributions, son discours ayant une portée politique indéniable qui relève des prérogatives, au minimum, du ministre des Armées sinon du Premier ministre ou du Président de la République ?
Alors, pourquoi a-t-il accepté de se sacrifier et d'aller à l'abattoir si on s'en tient aux réactions et polémiques engagées contre son intervention, à peine trois mois après sa prise de fonctions ? Il peut être utile, avant d'aborder ces interrogations, de rappeler le sens de cette notion d'instrumentalisation. En effet, instrumentaliser une personne, signifie l'utiliser comme un moyen pour atteindre un but personnel, souvent en détournant ses intentions. Cela implique une forme de manipulation où cette personne est considérée comme un instrument pour des fins utilitaires. En d'autres termes, cela se traduit, dans le cas présent, par l'utilisation du CEMA par le pouvoir exécutif – le président de la République – à des fins personnelles et politiques qui ne tiennent pas compte de la fonction et du statut du général pour remplir une tâche qu'il refuse d'assumer lui-même, cette fois en raison d'un rejet de sa politique, voire de sa personne par une grande majorité de Français.
Son absence cette année, alors qu'il intervient habituellement en ouverture ou en clôture de ce congrès, s'inscrit dans un contexte politique très tendu. C'est bien là la véritable source de la polémique qui a enflammé le débat public. L'instrumentalisation des armées en la personne du CEMA, et donc la politisation de nos forces armées au service de la politique politicienne est le seul levier qui reste, semble-t-il, au pouvoir exécutif pour continuer à exister à un moment critique sur le plan intérieur, le gouvernement n'étant pas certain de ne pas être renversé d'ici la fin de l'année.
S'agissant du discours prononcé par le CEMA, hormis le fait qu'il est dans son rôle lorsqu'il évoque la nécessité de développer l'esprit de défense, de renforcer le pacte armées-nation, de préserver la cohésion de la nation et la solidarité, d'invoquer la situation internationale et les menaces à prendre en compte, son propos n'en demeure pas moins globalement très politique sur la forme et sur le fond. A l'évidence, même s'il était officiellement invité par le président des maires de France c'est, en réalité, le président de la République qui l'a chargé d'intervenir à ce congrès. C'est d'ailleurs la répétition de la conférence de presse tenue par son prédécesseur, le général Burckard, 48 heures avant le 14 juillet dernier. Dans les deux cas, nous assistons – ce n'était pas le cas jusqu'à présent – à l'utilisation, à l'instrumentalisation, à la politisation du CEMA au service de la propagande élyséenne qui focalise toute son action et son énergie sur le dossier Ukraine-Russie et qui insiste sur le danger que représente la Russie, alors qu'à aucun moment n'est évoquée la véritable menace mortelle de nos démocraties qui pèse sur l'Europe et en particulier sur la France, à savoir l'islam conquérant et violent par le biais d'une immigration invasive. Un tel déni de la menace existentielle qui met en grand danger l'avenir des Français est simplement hallucinant et est donc déplorable et coupable.
Cela dit, dans les deux cas des ambiguïtés, des maladresses ou des contradictions doivent être notées. En effet, s'agissant de la guerre Ukraine-Russie, le général Burckard affirmait qu'elle est existentielle pour la Russie alors que le président de la République affirme, lui, qu'elle l'est pour l'Europe, niant ainsi l'argument sécuritaire des Russes face à l'OTAN et occultant le fait qu'il avait affirmé lui-même, en 2022, en privé, que l'OTAN était responsable du déclenchement de cette guerre. Cette notion de guerre existentielle pour l'Europe, revendiquée par le président, ne semble pas avoir été reprise littéralement par le général Mandon, comme par son prédécesseur. Nos chefs militaires seraient-ils plus prudents dans l'approche du traitement délicat de ce conflit ? N'y aurait-il pas un point de divergence, voire de désaccord avec le Chef de l'Etat, même s'ils se prêtent au rôle de relais de son discours guerrier et de préparation des esprits ? C'est de toutes façons cohérent avec leurs fonctions et avec le principe sage « si vis pacem, para bellum ». C'est, en effet, l'intérêt des armées d'obtenir des budgets adaptés à leurs missions, budgets ayant, depuis la fin de la Guerre froide, servi de variable d'ajustement dans les budgets de l'Etat successifs pour passer scandaleusement de 3,5 % du PIB en 1990 à 1,2 % à la fin de la présidence Hollande, en 2017. Les 2 % atteints pour 2025 ne permettent cependant pas à nos armées d'être engagées dans un conflit de haute intensité.
Il faut, par ailleurs, souligner une autre ambiguïté ou contradiction majeure lorsqu'est invoquée, à juste titre, la cohésion nationale qui représente le cœur, le centre de gravité du pays car il constitue l'élément-clé qui fonde la résilience de la nation. Ce devrait donc être une force qui contribue à affirmer la volonté de se défendre lorsque la situation l'exige. Mais en tenant ce plaidoyer, nos chefs militaires se rendent-ils compte du décalage de leur propos avec la situation réelle du pays ? Sont-ils conscients des ravages causés à notre cohésion nationale, en voie de délitement, par une immigration de masse et hostile, incontrôlée et favorisée sinon organisée par l'Union européenne et acceptée par nos dirigeants coupables ?
Par l'acquisition régulière et trop laxiste de la nationalité française depuis des décennies par des populations de culture incompatible avec la nôtre, la nation est en train de se fracturer, d'exploser car gangrenée par un communautarisme islamique qui vire au séparatisme conduisant, à bas bruit, à la colonisation de notre pays. Encore une fois, la vraie menace existentielle est celle-là qui affaiblit et met en danger notre cohésion nationale et pourrait inhiber notre capacité de réaction et notre volonté de nous défendre. La cohésion nationale répond à un besoin vital pour tout pays, pour tout peuple et requiert donc une certaine cohérence interne contraire à l'hétérogénéité d'une société. Sans cohésion nationale qui repose sur son passé historique, sur sa mémoire et sur un degré élevé d'homogénéité de la société, un peuple ne saurait avoir un avenir apaisé. Cette immigration est en train de tuer la France.
Quant aux maladresses de langage, il est impératif dans un tel exercice dont l'objectif doit, malgré la nécessité de présenter la situation du pays, désormais peu enviable, et d'exposer les menaces qui pèsent sur notre pays, viser à donner quelques signes d'espérance aux Français. Le choix des mots est donc très important en fonction de l'auditoire auquel le propos s'adresse, ici les Français à travers les maires de France. Or, il faut bien admettre que lorsque le CEMA déclare que « nos soldats tiendront s'ils sentent que le pays est derrière eux (…).
Mais s'ils sentent que le pays n'est pas prêt à perdre ses enfants (…), alors nous sommes en risque », il participe et renforce le climat anxiogène qui règne aujourd'hui dans notre société ayant perdu toute confiance en l'avenir et moralement fragilisée. « Perdre ses enfants » sont des mots inhumains et terriblement angoissants pour des parents qui reçoivent le discours guerrier omniprésent d'un président belliciste qui veut exister après la perte d'une partie de son pouvoir consécutive à la dissolution de l'Assemblée nationale. Après la polémique créée par ce propos, un démenti a rapidement été diffusé par les autorités évoquant une mauvaise interprétation, le terme « enfants » devant être remplacé par celui de « militaires ».
Il n'en demeure pas moins que ces mots sont angoissants mais également ambigus dans le contexte présent car le CEMA s'exprimait pour le président et on peut penser qu'ils ont été validés, voire choisis par ce dernier. Cela est, d'une part, conforme à la conception que se fait le président du pouvoir : diriger le pays par la peur. L'expérience du covid a été une réussite, il n'y a donc pas lieu de changer de méthode. Propos ambigus, d'autre part, car le projet de service national volontaire s'invitait curieusement dès le lendemain du discours du CEMA, sans débat préalable et dans ce contexte de guerre potentielle avec la Russie. Cela ne pouvait que renforcer la crainte et l'angoisse des Français. La précipitation et le contexte de cette annonce laisse cependant à penser qu'il s'agit, à ce stade, d'une opération de communication du président pour tenter de reprendre la main qu'il n'a plus.
Enfin, cette guerre qui n'aurait jamais dû avoir lieu est une guerre Etats-Unis/Russie par procuration. Par ailleurs, le président Hollande (entre 2015 et 2017) et le président Macron (entre 2017et 2022) n'auraient-ils pas dû tout faire pour honorer la signature de la France, notre pays étant garant de l'application des accords de Minsk ? De plus, la France, membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, présidait l'UE au cours du premier semestre 2022, ce qui lui offrait l'opportunité de marquer l'Histoire en organisant, avant même le déclenchement armé de ce conflit, une conférence pour la paix au lieu de suivre aveuglément les Etats-Unis, premiers responsables de cette guerre. Le président français n'a-t-il pas raté un rendez-vous historique qui aurait pu changer les choses et bénéficier grandement à la France et finalement à l'Europe tout entière ?
Aujourd'hui, alors que militairement l'Ukraine a déjà perdu cette guerre et que le président américain présente son plan de paix, l'Union européenne (UE) s'entête à alimenter ce conflit en versant à l'Ukraine des dizaines et des dizaines de milliards à fonds perdus et à accepter des centaines, voire des milliers de morts chaque jour qui passe. D'autre part, le président français qui se veut le chef de file d'une Coalition des volontaires belliqueuse – dont très peu des participants seraient au demeurant capables de fournir des troupes – cherche à imposer ses conditions qui ne seront jamais prises en compte par la Russie. Cela dit, il devient urgent que la France redevienne une puissance d'équilibre – ses responsabilités internationales comme membre du Conseil de sécurité l'y invite fortement – pour être acteur de paix plutôt qu'acteur de guerre et ses dirigeants se doivent d'oeuvrer dans l'intérêt de la France et des Français. Cette guerre n'est pas la nôtre.
L'intervention du CEMA au congrès des maires de France à la place du président de la République, dans le contexte politique très tendu et anxiogène que connaît aujourd'hui notre pays, notamment depuis la dissolution, ne peut être comprise que comme le refus de ce dernier d'affronter les nombreux élus présents alors que la situation du pays, dans tous les domaines, est plus que préoccupante, qu'il n'a toujours pas de budget pour 2026 et que le gouvernement n'est pas sûr de passer l'année. En instrumentalisant le CEMA – et à travers sa personne, les armées elles-mêmes – il crée une situation dérangeante pour les maires et pour le CEMA qui n'a pu que s'exécuter et instille la peur pour neutraliser et soumettre les oppositions. Instrumentaliser ainsi politiquement cette institution régalienne n'est pas convenable car il faut rappeler que nos forces armées ne doivent pas être politisées car elles exercent un sacerdoce, avant tout, au profit du peuple qu'elles sont chargées de défendre et de protéger, quels qu'en soient d'ailleurs ses représentants. C'est le sens même de l'existence des armées et le président de la République n'a pas le droit de faire peur à la nation, comme il n'a pas le droit, non plus – il n'a pas été élu pour cela – de laisser notre pays être envahi par une immigration hostile qui, elle, conduit à la guerre sur notre propre sol.
Le 30 novembre 2025
Antoine MARTINEZ général (2s)

