Le culte de la mort
- evpf29
- il y a 2 jours
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La fin de vie est un sujet qui touche à l'intime profond de chacun et est de nature à nourrir des questionnements, voire des angoisses, liés, en fait, à la condition humaine, au sens de la vie, à des émotions, à des souffrances et elle s'impose à l'homme car elle est inéluctable et incontournable.
C'est un fait. Depuis Hippocrate, cité par les philosophes Platon et Aristote et considéré comme le père de la médecine qui a instauré un code moral avec le serment portant son nom, les médecins s'engagent à tenir une certaine conduite à l'égard de leurs patients et la règle fondamentale est d'agir toujours dans l'intérêt du malade ; toutes les autres règles en découlent. Or, en ce premier quart du XXI ème siècle, nous assistons à une véritable rupture anthropologique sous l'action de groupes de pression prônant le droit à mourir dans la dignité, concept perfide par le choix des mots et visant, d'une part, à sacraliser le droit d'administrer la mort par l'homme nouveau investi d'un pouvoir quasi-divin et à l'absoudre de cet acte terrifiant, d'autre part, à culpabiliser et condamner ceux qui s'y opposent. Comme si donner la mort comme un médicament ou comme un soin pouvait être digne !
Le débat sur la fin de vie n'est pas nouveau puisque depuis 1999, date de la première loi sur les soins palliatifs de nombreuses tentatives ont été menées pour faire évoluer la législation. Mais ce débat, engagé aujourd'hui au Parlement, marque un basculement et s'éloigne incontestablement du domaine médical qui est celui des médecins et des soignants. La loi Leonetti avait pourtant permis le refus de l'acharnement thérapeutique et la loi Claeys-Leonetti avait prévu la sédation profonde et continue jusqu'au décès dans les cas de souffrances réfractaires. La loi débattue aujourd'hui sous le vocable presque « bienveillant » et « altruiste » d'aide à mourir, pour ne pas heurter les consciences – car il s'agit en réalité d'euthanasie et de suicide assisté – ne traite pas des tout derniers jours de la vie mais bien plus gravement de la demande de mort et de son administration. Avec cette aide, une appellation pour le moins très ambiguë, jugée même comme fraternelle par ses adeptes, le législateur crée un nouveau droit, le droit à une mort provoquée qui sera – comble de lâcheté et d'infamie – considérée comme naturelle et inscrite comme telle sur le certificat de décès !
Ce droit bouleverse complètement la pratique médicale car, d'un côté, le médecin, dont la vocation est de soigner et d'aider à vivre, aiderait à mourir en donnant la mort et, d'un autre côté, le patient aurait le droit de choisir et de disposer de sa propre vie et donc de « programmer » sa propre mort. Cette évolution non plus de degré mais de nature de la loi constitue, en réalité, une rupture civilisationnelle majeure et divise d'ailleurs la société. De nombreux médecins, soignants et experts dans les domaines de la psychologie et de la psychiatrie n'ont pas manqué d'exprimer leur désaccord et des associations de personnes malades ou handicapées, jugées par avance éligibles à ce nouveau « droit », dénoncent cette loi. Car sur le plan éthique, la différence entre la sédation profonde et l'euthanasie ou le suicide assisté est énorme. La première consiste à accompagner le malade et à supprimer sa souffrance en attendant la survenance de la mort. La seconde, elle, provoque la mort par un acte délibéré pour supprimer la souffrance et, par voie de conséquence, la personne concernée. Cette fuite en avant transgresse toutes les règles éthiques et morales. Elle porte atteinte à la dignité humaine et c'est la porte ouverte à des dérives de toutes sortes.
Cette évolution questionne, en effet, sur les véritables motivations de ceux qui veulent imposer cette aide à mourir. Elle questionne également sur les raisons du rejet de tous les amendements proposés qui visaient avant tout à assurer un réel contrôle des conditions dans son exercice pour protéger les personnes faibles et vulnérables. Elle interpelle, en outre, sur l'établissement d'un délit d'entrave qui confirme finalement leur détermination à imposer cette loi inspirée par un culte démoniaque de la mort, un délit d'entrave qui n'est qu'un étouffoir de la liberté de conscience, de pensée et d'expression des médecins et des soignants – et peut-être des malades eux-mêmes et de leurs proches dans une prochaine étape – face à cette transgression funeste.
Tout d'abord, tout être humain ne peut qu'éprouver de la compassion, de la bienveillance, de l'attention par une présence et une écoute nécessaire pour réconforter, de la tendresse, de l'amour à l'égard d'un semblable surtout lorsqu'il s'agit d'un proche dans la souffrance et en fin de vie. Confronté à des circonstances difficiles dans cet accompagnement douloureux, chacun ne peut évidemment qu'en souffrir moralement. Ce sont cependant des épreuves inhérentes à la vie elle-même et indissociables de notre condition humaine. Mais dans un monde aseptisé dans lequel règne plus que jamais l'individualisme, le consumérisme, la disparition progressive du sacré, la perte des repères et des rituels réglés par la religion, la mort doit être évacuée rapidement et la société qu'on nous promet veut tout maîtriser, de la naissance jusqu'à la mort qu'elle refuse de laisser aux caprices de la nature. Les adeptes de cette aide à mourir sont précisément dans ce projet et leur prétendue fraternité les menant à vouloir soigner en donnant la mort n'est-elle pas guidée d'abord par le besoin égoïste d'éliminer leur propre souffrance face à celle du malade qui les perturbent en abrogeant la vie de ce dernier ?
Ensuite, cette loi ouvre, à l'évidence, la porte à de possibles dérives car les personnes considérées dès à présent éligibles ne sont pas en fin de vie. Une estimation prenant en compte les pathologies les plus graves conduit à retenir plus d'un million de personnes ! Mais nous deviendrons tous, nous devenons tous éligibles à ce traitement mortifère dès lors que l'aide médicale active à mourir, c'est à dire l'euthanasie et le suicide assisté, signe la fin de la vocation et de la fonction soignante du médecin à qui la société délègue dorénavant le droit de donner la mort légalement. La panoplie des soins dont disposait le médecin présente ainsi une nouvelle thérapie, une thérapie monstrueuse convenons-en, car une fois franchi l'interdit de tuer – prescription de notre culture chrétienne ou de nos principes philosophiques – tout encadrement législatif ne sera qu'un leurre qui tendra rapidement à banaliser ce « remède ». On peut, en tout cas, faire confiance à nos dirigeants et à nos parlementaires, toujours en quête d'idées progressistes, pour ouvrir grande la porte qu'ils viennent d'entrouvrir afin d'appliquer ce nouveau droit qui pourrait devenir un devoir dans une perspective de recherche d'économies et de réductions des dépenses à faire en matière de santé dont le coût ne cesse d'augmenter. Ainsi, sous une pression bien orchestrée et culpabilisante, des personnes malades, handicapées ou dépendantes seront amenées à se demander si elles ne sont pas un fardeau pour leurs proches ou pour la société. La demande d'euthanasie deviendrait alors une obligation sociale en contradiction avec le libre choix. Il en serait de même pour des personnes faibles et vulnérables en situation de précarité. D'ailleurs, comment comprendre que des mutuelles se soient engagées pour l'euthanasie et le suicide assisté en exerçant leur lobbying jusqu'à proposer des amendements aux parlementaires si ce n'est pour réduire leurs dépenses ? D'autre part, en cas d'hospitalisation, cette loi n'entraîne-t-elle pas un doute sérieux pour le soigné du fait de la perte totale de confiance avec le médecin n'ayant plus la garantie que ce dernier agit pour son seul bien ?
On ne peut s'empêcher de rappeler ici les prédictions glaçantes de Jacques Attali : « A l’avenir il s’agira de trouver un moyen de réduire la population. Nous commencerons par les vieux, car dès qu’il dépasse 60-65 ans l’homme vit plus longtemps qu’il ne produit et il coûte cher à la société. Ensuite les faibles, puis les inutiles qui n’apportent rien à la société... Une euthanasie ciblant ces groupes ; l’euthanasie devra être un instrument essentiel de nos sociétés futures. On ne pourra bien sûr pas exécuter les gens ou faire des camps. Nous nous en débarrasserons en leur faisant croire que c’est pour leur bien. » (« L’avenir de la Vie » de Michel Salomon 1981). N'y sommes-nous pas, ou presque ?
Mais nos dirigeants n'ont-ils pas déjà franchi récemment ce stade en jouant les apprentis-sorciers avec l'administration concrète de ce « remède » à des milliers de personnes en EHPADs ou à domicile, lors de la crise sanitaire du covid, en les euthanasiant à coup de Rivotril, méthode particulièrement efficace et rentable puisque c'est autant de pensions de retraite supprimées ? Enfin, quel aveu de rupture civilisationnelle du ministre de la Santé parlant de « consentement de la victime » en évoquant le sujet. Enorme double-lapsus révélateur de l'état d'esprit qui a animé les débats avec les termes consentement au lieu de demande et victime au lieu de patient !
Tout est dit, il faut malheureusement le reconnaître. Les fondements de notre civilisation sont en train de s'effondrer et notre société n'aura bientôt plus grand chose d'estimable ou de civilisé à nous proposer. Si une société ne peut échapper à des réformes, il faut bien admettre que dans le domaine sociétal et bioéthique celles voulues par l'actuel président de la République sont particulièrement sinistres et semblent inspirées par une sorte de culture de mort, une culture démoniaque qui rompt catégoriquement avec le caractère sacré de la vie humaine et qui tend vers une volonté de toute puissance en mesure de maîtriser la nature, les corps et le temps ; une volonté de toute puissance pour piloter le nouveau monde progressiste qu'il vante avec des garde-fous qui sautent au nom de la liberté individuelle. C'est bien cette culture toxique et mortifère prodiguée avec une telle assurance qui conduit, en vérité, vers un tragique culte de la mort assumé. Après l'allongement des délais d'accès à l'avortement de douze à quatorze semaines et l'inscription récente dans notre Constitution de ce droit que personne ne menaçait – alors que des moyens de contraception existent – c'est, aujourd'hui, le droit d'aide à mourir avec l'euthanasie et le suicide assisté. C'est simplement diabolique !
Les conséquences d'une telle loi sont terribles et terrifiantes. Notre société bascule dans un monde qui renie finalement les fondements mêmes de notre civilisation et désacralise définitivement la personne humaine qui pourra être supprimée par l'homme investi d'un pouvoir redoutable et dangereux qu'il s'est attribué. Cela créera sans nul doute des tensions au sein même du corps médical et soignant dont ce n'est absolument pas la vocation. Cela provoquera également des déchirements et des moments difficiles et douloureux dans les familles concernées. Car soigner ce n'est pas tuer. Cette aide à mourir nie, en effet, la primauté du droit à la vie et au soin dû au malade qui, par sa requête ultime formulée sous le poids de la douleur, lance un appel au secours. Cependant, dans bien des cas, lorsque sa souffrance peut être soulagée, il renonce à sa demande initiale. Alors, une société évoluée, attachée au caractère sacré de la vie et de la personne humaine, imprégnée des valeurs d'humanité et de fraternité a le devoir d'accompagner une personne en fin de vie en empruntant d'autres voies que celle de la mort administrée. Ces autres voies ce sont les soins palliatifs qui doivent être développés justement pour éviter l'euthanasie et le suicide assisté qui pourraient de plus, s'ils étaient banalisés, conduire à l'eugénisme. La fin de vie ne doit pas se résumer à un choix entre souffrance et euthanasie. Appeler aide fraternelle le geste qui tue n'est pas soutenable. Il faut condamner ce culte de la mort qui inspire les adeptes de l'aide à mourir.
« A la fin du chemin sur la terre, les hommes n'ont pas besoin d'une seringue froide qui vienne donner la mort. Ils ont besoin d'une main compatissante et aimante. Mourir dans la dignité, c'est mourir aimé. Tout le reste est mensonge ! » (Cardinal Robert Sarah)
Le 27 mai 2025 Antoine MARTINEZ (général 2S)
Remarquables propos d'un véritable humaniste, celui qui est tourné vers la vie , vers le respect de toute vie avant toue chose. Qu'il en soit vivement remercié et complimenté. Quelle lucidité!
Ne serions-nous pas en présence, aujourd'hui sur nos terres de France des successeurs des jansénistes, des jacobins, des bolcheviks, des nazis, des maoïstes et autres polpotistes...? Les méthodes changent, les intentions demeurent. Contrôler, nuire et détruire…Et éliminer.
Les propos d'Attali ressemblent à une méthode supplémentaire de dépopulation. Il y a préméditation de crime contre l'humanité.
La préméditation est définie par l'article 132-72 du Code pénal comme :
Le dessein formé avant l'action d'attenter à la personne d'un individu déterminé, ou même de celui qui sera trouvé ou rencontré, quand même ce dessein serait dépendant de quelque circonstance ou de quelque condition."
En termes plus simples, il s'agit de la préparation réfléchie d'un acte criminel avant sa réalisation. La préméditation implique deux éléments fondamentaux :
Un élément temporel : un délai s'est écoulé entre la décision de commettre l'acte et sa réalisation
Un élément psychologique : la personne a mûrement réfléchi à son acte, l'a préparé, organisé
Contrairement à ce que…
Chacun trouvera "sa" réponse le moment venu en cas de maladie incurable étant dans la DOULEUR en sachant qu'il N'Y A PLUS RIEN A ESPERER ... Car les commentaires se laissent écrire par des individus en BONNE Santé ou presque !!!
Un grand merci de tous les suicidés qui se voient reconnaître enfin un droit au suicide. Il était grand temps. La loi française est enfin en accord avec la recherche du bonheur de son peuple. Les suicidés sont enfin bienheureux. Merci merci tout plein de leur part. Tout cela pour s'épargner le coût des soins palliatifs. Bravo bravo. On tient un bout de la solution du rétablissement des finances de la sécurité sociale. "La vieille de la chambre 27 a eu la visite de la famille...Non...bon pique la, j'ai une cliente OQTF pour sa chambre qui est prise en charge par la sécu pour des prothèses mammaires...."
Le prince continue dans son relativisme à tout-va, plus rien n'est sacré, tout se vaut, la vie, la mort... cette perte de valeurs et de repères s'est manifesté pendant le covid où le gvt culpabilisait les enfants qui "osaient" embrassaient leur grand-mère que l'on retrouvait intubée à l'hôpital l'instant d'après. Quelle honte !