top of page
Bandeau P.A._edited.jpg
Place d'Armes

Tout n’est pas perdu

Que l’enfer existe ou pas, qu’on y croie ou non, on peut néanmoins s’en faire un avant-goût rien qu’en allumant son poste de télévision, tel que dit autrefois. Neuf fois sur dix, quiconque de normalement constitué n’a plus qu’une idée : aller se pendre au fond du jardin pour les campagnards, ou dans la cage d’escalier pour les citadins. Et pourtant…

Et pourtant..

Est-ce l’approche de la magie de Noël ? –, de petits miracles peuvent aussi survenir ; dans l’émission « La France a un incroyable talent », sur M6, par exemple.

Là où, ce mercredi, le chœur de Saint-Cyr Coëtquidan interprète

« Les Larmes d’ivoire » devant une assistance médusée. C’est une chanson de soldats, où un fils pleure le père qui, du combat ne reviendra pas.

« Loin vers la mer, je porte mon regard. Où est mon père quand est mort tout espoir. Il est parti loin d’ici un matin. Je pense à lui. Mais jamais ne revient. »

Puis : « Vois la mer et ses reflets d’argent.

Qu’elle console ta peine mon enfant. Lève les yeux, prends la main de ta mère. Raconte un peu cette histoire à ton frère. »

Tout y est. La filiation et l’abnégation. L’honneur et le sacrifice. Le chagrin et l’espoir.En une époque où le ricanement paraît devenir la règle, voilà quarante choristes, la plupart simples amateurs, mais tous en grand uniforme, qui osent chanter cela. Ricaner, le jury aurait pu. Sauf qu’il ravale ses larmes devant une assistance droite debout.

Le prestidigitateur Éric Antoine, très logiquement, évoque la magie de cette prestation : « C’est extrêmement émouvant. En vous entendant chanter, on entend la souffrance de tous les disparus, de tous les gens morts pour la patrie, de tous les enfants des familles qui sont restés. On a un amour incommensurable pour ceux qui donnent leur vie au nom de la liberté que représente notre patrie française. »

À ses côtés, la belle Marianne James retient son souffle, tandis que Karine Le Marchand, gorge sèche et yeux mouillés, est au bord de défaillir. Son émotion n’est pas feinte et ça se voit.

Au moment de voter, l’animatrice la plus empathique du moment – d’« Ambition intime » à « L’Amour est dans le pré », des paysans en déroute aux politiques à la peine – opte pour un « golden buzzer », ce qui vaut, dans une telle émission, l’équivalent d’une Légion d’honneur pour nos jeunes saint-cyriens apprentis chanteurs. Mieux, elle affirme : « J’ai un message personnel.

Je trouve qu’à l’heure de la télé-réalité où on a des mecs bodybuildés qui n’ont rien dans la tête, qui ne pensent qu’au fric, qu’à leur compte Instagram, on a des jeunes de vingt à vingt-quatre ans qui s’engagent pour la France. J’aime les militaires, la police, la gendarmerie. Je vous veux en finale ! » Chapeau bas, Madame…

À en croire l’hebdomadaire Voici, de telles déclarations d’amour à la patrie auraient dû enflammer les réseaux sociaux. Ce qui fut illico fait, mais pas forcément dans le sens que certains l’auraient souhaité. Car il n’y a, pour le moment, que louanges et compliments enamourés pour cette jolie demoiselle.En attendant, chère Karine Le Marchand, merci pour ce moment.

PS : pour la petite histoire, Le Huffington Post se fait un plaisir de rappeler que « la semaine passée, la drag-queen Icee Drag avait mérité son ticket pour la finale, après une performance étincelante sur les notes de “Born This Way”, de Lady Gaga ». Nous en sommes bien contents pour « il-elle », ou « iel », tel que désormais prescrit par Le Petit Robert. Qu’il nous soit pourtant permis d’opter pour une autre France, certes moins moderne, mais autrement plus éternelle, si ce n’est pas trop demander.

Kommentit


bottom of page